Portes ouvertes développement web (04/04/2024 à 12h) : inscrivez-vous !

Lucie nous parle technique

2017-03-08
Lucie-nous-parle-technique
Après les confidences de Maxime, le directeur de la pédagogie, c’est au tour de Lucie, la directrice pédagogique de O’clock, de nous en dire un peu plus sur elle, son rôle dans l’école et la place des femmes dans le secteur du numérique.

Hello Lucie, peux-tu te présenter ? Quel a été ton parcours avant de créer O’clock ?

Salut Anthony ! Contrairement aux mecs de l’équipe qui sont tombés dedans quand ils étaient petits, mon parcours est plutôt classique. J’ai suivi des études en bases de données puis en conception système. J’étais plutôt partie pour être consultante, ou travailler dans la recherche.

Après mon diplôme j’ai donc commencé par faire de la recherche, dans une grosse entreprise. Vraiment intéressant, mais très corporate l’ambiance. J’ai voulu gagner en liberté et je me suis mise sérieusement au web. 5 ans de freelance plus tard, un certain Dario m’a proposé de donner des cours dans son école précédente. Révélation, j’ai adoré ça. Quand il a quitté cette école, nous sommes restés en contact. Ensuite, O’clock est arrivée sur le tapis

Tu es donc la directrice pédagogique. Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton rôle au sein de l’école ?

En tant que directrice pédagogique, je m’occupe du programme pédagogique, de l’avancement du développement de la plateforme et des outils pédagogiques.

Il s’agit de concevoir (imaginer, préciser les fonctionnalités qu’on veut ajouter à la plateforme, les maquetter), développer techniquement (choisir les technologies, développer, tester, faire évoluer), suivre et coordonner tout ça. Et, très important, il faut imaginer et planifier le futur de notre plateforme.

En classe, je donne les cours de developpement back : PHP, bases de données et la gestion de projet. Je suis même surnommée “Mme PHP” ou “Mme GIT” par les étudiants !
Côté dev, je m’occupe plutôt de la couche back, c’est-à-dire de la partie “serveur” (pour les francophones ??) de notre plateforme, en collaboration avec Maxime pour le front, et Dario pour l’administration système.

Il faut préciser que dans l’équipe fondatrice de O’clock, il y a trois formateurs-développeurs sur quatre membres, et nous sommes très complémentaires techniquement. On a tous mis la main à la pâte sur différentes phases de conception et de développement des outils, dans le travail d’écriture des programmes, mais aussi sur la préparation des cours, et l’approche pédagogique.

Philippe, formateur-développeur qui nous a rejoint ce mois-ci, va rentrer dans la danse et on va le mettre à contribution aussi !

Créer une école totalement virtuelle n’est pas une mince affaire. Est-ce que c’est justement ce défi technique qui t’a motivée pour créer O’clock ?

Effectivement c’est un challenge technique, mais c’est aussi un vrai rêve du développeur full-stack : on utilise un sacré éventail de technologies, des solutions puissantes, open source, certaines très éprouvées et d’autres très récentes. On peut dire qu’on s’est fait plaisir !

Mais pour répondre à ta question, ce n’est pas ce défi qui m’a motivée pour créer O’clock. Ce qui est excitant pour moi dans le développement de la plateforme et de tous les outils qu’on élabore (parce que c’est pas fini, on a encore plein d’idées) c’est ce qu’on veut faire avec : de la pédagogie !

Nous sommes des profs ambitieux et exigeants. Forcément, nous nous devons d’être techniquement ambitieux.

On a imaginé l’école virtuelle dans laquelle on voulait enseigner, sans se censurer dans les moyens et les outils que l’on imaginait pour nos étudiants et nous-mêmes. C’est en repoussant les limites de ce qu’on voulait faire avec les outils que l’on s’est fixés un beau défi. En gros, comme nous sommes des profs ambitieux et exigeants, nous nous devons d’être techniquement ambitieux.

On dit souvent qu’un développeur apprend tout au long de sa carrière. Qu’est-ce que tu as appris au fur et à mesure du développement de la plateforme de cours ?

C’est un environnement riche. On a utilisé énormément de technologies “installées” pour avoir un socle solide, tout en essayant de tirer parti de toutes les possibilités qu’offrent les nouvelles technos. Notamment les capacités media que nous offrent les navigateurs aujourd’hui, y compris les plus expérimentales. Forcément, quand on essaie d’innover techniquement, cela nous pousse à devenir meilleurs. Je pense que l’on a tous appris beaucoup en construisant O’clock.

Pour toi, quelles sont les qualités qu’un développeur doit forcément réunir ?

Trois choses essentielles : l’esprit d’abstraction, l’esprit d’abstraction, sans oublier l’ esprit d’abstraction ?

Pour que tout se passe bien, il faut une grande souplesse d’esprit, associée à beaucoup de rigueur voire de maniaquerie sur certains points. Ca aide beaucoup au départ, mais c’est aussi une mécanique qui s’entretient en travaillant.

Ces qualités nous aident dans le code, mais également dans notre façon d’enseigner. On a beaucoup plus tendance à synthétiser et schématiser nos explications. Pour une même situation, je peux trouver facilement 5 métaphores pour l’illustrer. C’est une gymnastique cérébrale qui permet aussi de voir les choses avec une vue d’avion (es-prit-d’ab-strac-tion).

Après deux mois de cours en téléprésentiel, quel est ton ressenti ?

En ce qui concerne les étudiants, j’ai été spécialement attentive à leur état d’esprit, à comment il vivaient l’expérience sur le plan émotionnel. Je pense que ça influence dramatiquement leur capacité à apprendre.

On a souvent parlé d’un inconvénient majeur des MOOC qui est le taux d’abandon élevé. Les études réalisées sur le sujet semblent indiquer que l’environnement psychologique des apprenants à distance tient un rôle important dans leur réussite.

Avec O’clock, je voulais que nos étudiants se sentent portés par la dynamique de groupe, qu’ils aient les moyens de s’entraider. L’ambiance dans le groupe, dans et en dehors de la classe, est très humaine. L’émulation fonctionne, les étudiants sont tous motivés et très solidaires les uns des autres.

Au cas où ça ne se voie pas, je suis ultra fière de nos étudiants ?
Ils sont impliqués dans cette aventure et ont pleinement embrassé l’aspect expérimental qu’elle comporte. On s’améliore aussi grâce à eux tous les jours.

Au niveau de la plateforme, j’ai pu vérifier certaines hypothèses qu’on a faites sur son usage, les fonctionnalités les plus critiques pour nous, nos étudiants, pour l’efficacité de la pédagogie. Ça prend plutôt la direction que l’on avait imaginé, mais on a encore plein de choses à corriger, améliorer et à créer. Les perspectives de développement sont passionnantes.

Il faut arrêter de valoriser les femmes qui réussissent parce qu’elles sont “des femmes qui réussissent” comme si c’était une exception que l’on devait relever.

«Sans transition» comme dirait PPDA, tu es une femme, développeuse, entrepreneuse, et directrice pédagogique ! Tout ce qui existe peu en France malheureusement. A ton avis, pourquoi y a t-il si peu de femmes dans ce secteur ?

A vrai dire, il n’est pas facile de répondre à cette question.

On commence à comprendre qu’encourager la présence des femmes dans les entreprises — et plus particulièrement dans les métiers techniques —, ce n’est pas seulement pour le principe d’égalité des chances, par noblesse ou pour faire joli. C’est plutôt très pragmatique comme approche. A force d’études, on se rend compte des bénéfices que l’on peut en tirer, des gains de productivité, d’efficacité dans la collaboration, des bénéfices sonnants et trébuchants.

On parle souvent d’« égalité des chances ». C’est une chance pour celles et ceux à qui on donne une opportunité à laquelle ils n’avaient pas accès, c’est certain. Mais c’est aussi une chance pour l’entreprise ou la société de bénéficier de leurs talents.

Bon, aujourd’hui il y a encore beaucoup de facteurs qui expliquent et prolongent cette situation : facteurs historiques, économiques, culturels, qui vont au-delà du métier de développeuse. C’est un vaste sujet ! Mais ce dont je suis sûre, c’est qu’il y a une belle marge de progression, et que l’évolution passe beaucoup par de l’information.

Il faut arrêter de valoriser les femmes qui réussissent parce qu’elles sont “des femmes qui réussissent” comme si c’était une anomalie que l’on devait relever. Il faut mettre en avant ce qu’elles font d’utile et de pertinent. Comme pour les hommes. Et puis, c’est un détail, mais si on commençait à parler de développ-EUSES, sans avoir la langue qui fourche, ça ne ferait pas de mal ?

Chez O’clock on encourage tant que l’on peut toutes les collaborations entre nos étudiants, parce que l’on sait que c’est la bonne méthode pour avancer en tant que dev, en tant que professionnels et même en tant que domaine. C’est une compétence essentielle à valoriser. Cela permet de tendre vers l’équilibre d’une équipe, favoriser les talents quelque soit le sexe, l’âge ou le parcours scolaire. La parité est encore loin.

lucie développeuse oclock
Madame PHP. Ça va rester comme surnom…

As-tu fais de la parité hommes/femmes un de tes objectifs avec O’clock ?

Je crois que le format téléprésentiel, et l’esprit dans lequel on a voulu créer O’clock, sont un très bon vecteur d’accès au métier de développeur, et pas seulement pour des critères de genre. Quand on libère l’accès, on réduit les inégalités.

On peut permettre à des tas de personnes hors de la cible “jeune homme, 20 à 30 ans, études longues” de se projeter et prendre conscience que le métier de développeur, c’est peut être pour elle ou pour lui. Et ça c’est un de mes objectifs pour O’clock.

 

Là, si tu devais convaincre une femme de faire ce métier, tu lui dirais quoi ?

D’abord, je lui dirais que les étudiantes d’O’clock assurent ! Elles se prennent au jeu du code, elles ont effectivement des skills de communicantes, de collaboratrices, qui sont des outils hyper importants pour ce défi qu’est notre programme hyper intense.

Elles sont impliquées aussi dans notre travail d’explorateur. Elles participent activement par leur présence et leurs interactions, leurs retours à l’équipe, à l’amélioration du format téléprésentiel, à leur propre progression et  à celle de leurs collègues.

Cela prouve une chose que l’on savait tous : ce métier n’est pas genré et appelle à des qualités que femmes et hommes peuvent développer. Et ce n’est surement pas moi qui vais dire le contraire.

Je lui dirais aussi d’oublier les a priori, l’image (pas toujours très réaliste) du métier, et d’essayer. Je pense avoir été plutôt bien accueillie et appréciée pour mon travail jusqu’ici, le domaine a besoin et envie de filles, on a la chance de travailler dans un domaine où le chômage existe peu… alors si le sujet attise sa curiosité, il ne faut pas hésiter !