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Méthodes agiles : l’art de réagir 

2024-09-17
méthodes agiles l'art de réagir - gestion de projet développement web

Cet article est un compte rendu de l’API Hour du 11 juin 2024 avec notre invité John Pombo Bilquez. Vous retrouverez un replay du webinaire de la chaîne YouTube d’O’clock.

Dans le monde du développement web et de la gestion de projets numériques, où la réactivité et l’adaptabilité sont des impératifs, les méthodes agiles se sont révélées être des alliés incontournables. Elles offrent aux équipes de développement la flexibilité nécessaire pour s’ajuster en temps réel aux besoins évolutifs des projets, ce qui est crucial dans un environnement aussi dynamique.

Lors de notre API Hour, « Les méthodes agiles : c’est l’art de réagir », animé par John Pombo Bilquez, nous avons eu l’opportunité d’explorer en profondeur ce qu’implique véritablement l’agilité. Nous avons discuté de l’essence même de cette approche, des avantages concrets qu’elle apporte, telles que l’amélioration continue et la satisfaction accrue des clients, ainsi que des compétences spécifiques requises pour exceller dans un cadre agile. Ce webinaire a non seulement mis en lumière les principes fondamentaux de l’agilité, mais a également offert des perspectives pratiques sur la manière de les appliquer efficacement pour transformer les défis en opportunités et maximiser les résultats dans le développement web.

Le cycle PDCA : planifier, réaliser, vérifier et s’améliorer

L’un des principes fondamentaux de l’agilité est le cycle PDCA (Plan-Do-Check-Act) – autrement appelé roue de Demming, que l’on retrouve dans la plupart des approches qualité. Ce cycle est au cœur des pratiques agiles et constitue un principe fondamental de l’amélioration continue.
John a souligné que ce processus est essentiel pour l’agilité. Il permet aux équipes de naviguer à travers les défis imprévus et les changements incessants. En planifiant soigneusement les tâches, en les exécutant avec rigueur, en vérifiant les résultats obtenus par rapport aux objectifs fixés, et en apportant les ajustements nécessaires, les équipes peuvent continuellement affiner leurs méthodes et optimiser leurs performances. Ce cycle perpétuel assure que le produit final non seulement répond aux attentes actuelles des clients mais évolue également pour anticiper leurs besoins futurs, garantissant ainsi une pertinence et une qualité accrues à chaque itération.

méthodes agiles PDCA

Le PDCA dans l’Agilité

John a souligné que bien que le cycle PDCA (Planifier, Réaliser, Contrôler, Agir) soit apparu dans les années 1960 comme une méthodologie de gestion de la qualité, il a trouvé une nouvelle vigueur et une adaptation dans le contexte de l’agilité moderne. Dans le développement d’applications ou de logiciel, par exemple, ce cycle est condensé en périodes très courtes, appelées sprints, qui durent généralement de 2 à 4 semaines. Cette compression du cycle permet aux équipes de mise en œuvre d’adopter une approche plus dynamique et réactive. En effet, les équipes peuvent ainsi mener des phases de planification, de réalisation, de vérification et d’amélioration de manière accélérée, générant des boucles d’amélioration continue beaucoup plus fréquentes.

Chaque sprint devient une mini-boucle PDCA, où les résultats sont régulièrement examinés et ajustés en fonction des retours reçus. Cette méthodologie favorise une flexibilité exceptionnelle, permettant aux équipes de réagir rapidement aux changements de priorités ou aux nouvelles exigences des clients. Ainsi, les équipes ne se contentent pas de livrer un produit final amélioré, mais elles optimisent en continu le produit à chaque itération. Cette approche agile garantit non seulement un meilleur alignement avec les attentes des utilisateurs finaux, mais aussi une capacité accrue à répondre aux défis imprévus et à intégrer les retours en temps réel.

Scrum, un cadre agile bien conçu pour le développement web

La place du cadre Scrum parmi les méthodes agiles est indéniable, chaque élément du framework jouant un rôle crucial dans la promotion de la transparence, de l’inspection et de l’adaptation. Les « cérémonies Scrum », telles que les réunions de planification de sprint, les revues de sprint et les rétrospectives, sont spécialement conçues pour maximiser l’efficacité des équipes. Bien qu’il soit possible d’expérimenter en modifiant certains aspects du cadre, il est essentiel de reconnaître que la structure actuelle est soigneusement articulée pour offrir une valeur ajoutée significative. Chaque cérémonie, lorsqu’elle est correctement exécutée, contribue à renforcer la collaboration, à évaluer les progrès de manière régulière et à ajuster les stratégies en réponse aux retours. En mettant en œuvre ces pratiques de manière rigoureuse, les équipes peuvent garantir une corrélation avec les objectifs du projet et les attentes des parties prenantes, tout en favorisant une amélioration continue.

Méthodes agiles : l’importance de la transparence et de l’amélioration continue

La transparence est essentielle dans un cadre agile. Par exemple, en fin de sprint, les équipes ont l’opportunité de revoir leur travail, d’identifier les points d’amélioration et de planifier les prochaines étapes. Cela favorise non seulement l’amélioration continue, mais aussi la cohésion de l’équipe, car tout le monde est aligné sur les objectifs et les résultats attendus.

La généalogie des projets, l’agilité avant l’heure

Il est intéressant de noter que l’agilité, bien que popularisée ces 15 dernières années, trouve ses racines dans des projets bien plus anciens. John a mentionné que dans les années 1940, des projets d’innovation tels que le projet Manhattan (pour la création de la bombe nucléaire), ou encore le projet Polaris (pour faire émerger un missile depuis un sous-marin immergé), utilisaient déjà des cycles de production courts, similaires aux principes agiles d’aujourd’hui.

projet manhattan et agilite oclock

 

Physiciens du projet Manhattan. De gauche à droite : Kenneth Bainbridge, Joseph Hoffman, J. Robert Oppenheimer, Louis Hempelman, Robert Bacher, Victor Weisskopf, Richard Dodson. © Science History Images / Alamy Stock Photo

Ces exemples historiques montrent que l’agilité n’est pas une invention moderne, mais plutôt une redécouverte et une formalisation de pratiques qui ont prouvé leur efficacité dans des contextes très divers, bien avant l’avènement des méthodes agiles actuelles.

Product Owner : Un rôle clé dans l’agilité ?

Katia, une participante au webinaire, a posé une question pertinente sur les formations pour devenir Product Owner, un rôle crucial dans toute équipe agile. John a répondu en soulignant que, bien que les formations diplômantes soient rares, il est possible de se former efficacement grâce aux certifications disponibles et, surtout, par la pratique sur le terrain.

Compétences nécessaires en tant que PO, Product Owner !

Les compétences tacites essentielles pour réussir en tant que Product Owner :

    • Capacité analytique : Un PO doit savoir découper la vision du produit en éléments réalisables dans la durée d’un sprint.

    • Qualités rédactionnelles : Un bon PO doit pouvoir rédiger des User Stories claires et concises.

    • Communication : Il doit être un excellent communicant, capable de faire le lien entre les besoins des parties prenantes et l’équipe de développement.

    • Priorisation par la valeur : Le PO est responsable de la maximisation de la valeur créée, en priorisant les tâches les plus importantes.

L’expérience pratique est nécessaire ! Passer une certification ne fait pas automatiquement de quelqu’un un bon Product Owner, il faut aussi acquérir de l’expérience en travaillant directement avec des équipes de développement pour véritablement maîtriser ce rôle.

méthodes agiles histoire du scrum
Sur la gauche Ikujiro Nonaka et sur la droite Hirotaka Takeuchi, qui ont introduit le terme Scrum pour la première fois en 1986 dans l’article de l’Harvard Business Review : « The New Product Development Game. » 

Méthodes agiles : l’apprentissage par la pratique 

Dans la continuité de la discussion sur le rôle de Product Owner, John a insisté sur l’importance des connaissances tacites, c’est-à-dire les compétences que l’on acquiert par l’expérience plutôt que par des manuels ou des cours théoriques. Il a utilisé l’exemple de la cuisine pour illustrer ce point : même en suivant une recette à la lettre, le résultat n’est pas toujours identique. C’est en pratiquant aux côtés d’un expert que l’on acquiert véritablement le « tour de main » nécessaire pour exceller.

Cette notion est tout aussi vraie dans le domaine de la gestion de projet agile. C’est pourquoi John recommande vivement de compléter toute formation théorique par un stage pratique, afin de développer ces compétences tacites indispensables.

Adoptez l’agilité au quotidien

Pour conclure, il est fortement recommandé d’adopter une approche agile non seulement dans les projets professionnels mais aussi dans la vie quotidienne. Être agile signifie réagir rapidement aux changements, s’adapter avec flexibilité, et rechercher constamment des opportunités d’amélioration. L’agilité est bien plus qu’une simple méthodologie ; c’est une véritable philosophie qui peut transformer la manière dont on travaille, collabore avec les autres, et aborde les défis. 

Que vous soyez développeur web, Product Owner, ou simplement curieux d’explorer les méthodes agiles, il est important de comprendre que l’agilité dépasse les cadres et les processus. Elle constitue une manière de penser et d’agir qui peut enrichir tous les aspects de votre vie, en favorisant une approche proactive et évolutive face aux obstacles et aux opportunités.

Découvrez les API Hour d’O’clock

Si cet article vous a intéressé, nous vous invitons à revoir nos API Hour en parcourant notre chaîne YouTube et à nous rejoindre lors nos prochaines sessions (reprise courant septembre). Que vous soyez intéressé par le langage de programmation Rust ou par les enjeux de la géopolitique cyber, nous avons des événements à venir qui sauront piquer votre curiosité et enrichir vos compétences.

Bibliographie

Deming W. Edwards. (1986). Out of the Crisis. Cambridge: MIT Press.
Ce livre est une référence essentielle pour comprendre le cycle PDCA (Plan-Do-Check-Act), aussi appelé la Roue de Deming, qui est fondamental dans les méthodes agiles.

Schwaber Ken and Sutherland Jeff. (2017). The Scrum Guide.
Le guide officiel de Scrum, qui décrit en détail le cadre Scrum utilisé pour la gestion de projets agiles.

Takeuchi Hirotaka, and Nonaka Ikujiro. (1986). « The New Product Development Game. » Harvard Business Review, 64(1), 137-146.
Un article pionnier qui présente les concepts de développement agile en se basant sur des exemples réels de l’industrie japonaise.

Nonaka Ikujiro, and Takeuchi Hirotaka. (1995). The Knowledge-Creating Company: How Japanese Companies Create the Dynamics of Innovation. New York: Oxford University Press.
Ce livre explore comment les entreprises japonaises innovent en utilisant des concepts agiles et la création de connaissances tacites.

Polaris Project. (1956-1961). U.S. Navy.
Un projet historique de la marine américaine qui, bien qu’antérieur aux méthodologies agiles formalisées, a utilisé des cycles de développement rapides et itératifs similaires aux pratiques agiles d’aujourd’hui.

Gawande Atul. (2009). The Checklist Manifesto: How to Get Things Right. New York: Metropolitan Books.
Bien que centré sur la médecine, ce livre est souvent cité dans les discussions sur la gestion de projet pour son approche de la standardisation des processus, ce qui est pertinent pour les méthodologies agiles.

Krebs Jochen. (2008). Agile Portfolio Management. Microsoft Press.
Ce livre couvre l’application des méthodologies agiles au niveau de la gestion de portefeuille, offrant une vue d’ensemble utile pour les Product Owners.

Poppendieck Mary, and Poppendieck Tom. (2003). Lean Software Development: An Agile Toolkit. Addison-Wesley.
Ce livre lie les principes du Lean Management à ceux de l’agilité, un aspect évoqué lors du webinaire.