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Reconversion #5 Charles, le charpentier-urbaniste-développeur

02/02/2024
Reconversion-5-Charles-le-charpentier-urbaniste-developpeur
Issu de la promo Quantum, Charles a bien voulu nous donner ses secrets pour savoir comment réparer un toit, tenir une conférence sur l’urbanisme et développer un site en seulement quelques années. Enfin, on s’est surtout concentré sur comment il en est arrivé là. Parce que c’est pas commun quand même.

Hello Charles ! Merci de me laisser un peu de temps pendant ta journée de repos et bienvenue sur le blog de O’clock. Commençons par les présentations, racontes-nous d’où tu viens !

Hello ! Merci ! Alors, mon parcours … J’ai commencé par un master en urbanisme à Grenoble. Après, je me suis posé des questions car c’était des études intéressantes mais je ne savais pas trop ce que je voulais en faire. J’ai pensé à devenir prof-chercheur à l’université car ayant une première expérience pro, se confronter aux élus, ce n’était pas pour moi, la planification à 20-30 ans non plus.

Après ça, avec 5 copains, on a monté une mini “ONG” (avec une charte éthique et tout), on a donné des cours en université, on répondait à des appels d’offres mais ça a fait flop. Ensuite le grand virage, j’ai deux grands-pères qui travaillaient le bois, un père hyper bricoleur et ça me donnait envie, un copain s’est lancé dans le maraîchage à ce moment, ça m’a encouragé alors je me suis dit “c’est le moment de faire quelque chose qui a du sens, travaille avec tes mains”. Il y avait ce côté “on commence de zéro” comme en développement en équipe, le processus est très similaire.

Comment passe t-on de la charpente en bois à l’architecture MVC ?

J’ai passé mon CAP en un an et tout de suite après, je me suis envolé vers le Vietnam avec ma femme. J’étais responsable d’une menuiserie là-bas (dans l’atelier d’un artiste) et je faisais du développement local avec des contacts français. On est rentrés en France juste après une bonne septicémie. Malheureusement, j’ai dû mettre la charpente entre parenthèses car je n’avais pas suffisamment repris de poil de la bête. Je suis reparti sur une thèse car ça me laissait entrevoir des possibilités au niveau de l’enseignement, ce que j’ai toujours adoré… Mais l’ambiance de la recherche n’était pas pour moi : trop lent, trop long. Je suis retourné faire de la charpente mais… mon dos m’a dit non juste après mon mariage en septembre dernier.

C’était très dur mais en même temps, je me suis rendu compte que j’avais plein de possibilités : repartir sur une formation 100% nouvelle, me spécialiser dans la charpente ou retourner dans l’urbanisme. C’est à ce moment qu’en parlant avec ma famille, l’idée est venue sur le tapis. Mes proches me disaient “Tu aimes ça, tu es fait pour être dev”. Dans ma tête, c’était un loisir, mes parents me reprochaient d’être trop sur l’ordi quand j’étais plus jeune.


D’ailleurs, pour la petite anecdote : Lorsque j’habitais à Stockholm, l’un des fondateurs de la Wild Code School habitait juste en face, il commençait son projet, ça avait l’air top (coucou Romain !). Ça m’a rassuré de voir que c’était ce type de personne qui montait ce type de projet et je cherchais un format court : 5 mois et alternance si possible. WCS c’était trop loin en vélo, O’clock c’était idéal. En 3 mois + 1 an de formation, j’avais de quoi changer radicalement de métier. J’ai laissé tomber la WCS et j’ai fait le Chemin vers O’clock.


Pendant ta vie au Vietnam, est-ce que tu codais ?

Non pas trop.

Aujourd’hui tu n’as pas de cours, comment est-ce que tu occupes tes temps libres ? Tu codes ?

Depuis que j’ai commencé O’clock, je code d’autres projets en parallèle. Par exemple, là, j’ai codé mon CV en HTML/CSS et PHP, dans le train j’ai codé un pierre-feuille-ciseaux et je joue un peu aux jeux-vidéo. Pour moi, c’est un loisir car il y a deux façons de voir le code : le code pro pour appliquer son savoir-faire sur des projets ciblés avec des technologies définies. Et il y a le code loisir, où je suis libre de me dire « j’ai envie de faire ça avec cette techno ».

Pour moi O’clock c’est le côté pro et le pierre feuille ciseaux c’est le loisir (même si j’ai passé 4h à le coder), je mets en place la mécanique qui me va bien et une intégration un peu sympa. Je passe aussi pas mal de temps à aider les autres, j’apprends d’autant plus comme ça. O’clock a déclenché quelque chose : ça me permet de m’orienter dans mes ressources sur internet. Avant, je connaissais des choses très différentes : du Python, du C, mais rien en profondeur. Il y a une richesse tellement grande sur Internet qu’on ne sait plus trop par où avancer.

Depuis le début de la formation, je sais où et quoi chercher et comment. Maintenant mon loisir, c’est de bosser sur des petits projets concrets. Je suis passé du wiki au jeu.

Depuis quand est-ce que tu t’intéresses au code et à l’informatique ?

À partir du moment où mes parents ont acheté un ordi. J’ai une grande fratrie, mon grand frère était déjà au collège quand j’ai découvert l’ordi. Je me souviens que ma connexion Internet coupait le téléphone, assez vite j’allais bidouiller, je trouvais ça ouf de voir une image qui apparaissait par magie. Je me souviens du Site du Zéro, je suivais les tutos en C et Python à l’époque.

Que pense ton entourage aujourd’hui de ton côté geek et de ta reconversion ?

Je ne sais pas trop, tout le monde me dit que c’est bien et espère que j’ai trouvé ma voie, enfin. J’en suis arrivé à un point où c’est difficile d’en parler car j’ai déjà fait 7 ans d’études en urbanisme, j’ai investi dans la charpente, je me suis demandé si j’avais la légitimité de changer encore une fois. Je pense qu’ils attendent que je sois en poste pour être définitivement contents.

Ils m’ont toujours dit “Fais ce que tu aimes, on te poussera et on t’aidera”. Je suis sûr qu’on peut faire plein de choses, c’est ce que j’aime dans le dev : dans 10 ans, il y aura de nouvelles technologies et d’ici-là, il y a déjà de quoi apprendre !

Est-ce que tu trouves des points communs entre tous tes précédents métiers et le métier de dev ?

Attention dicton :

La charpente, c’est tous les jours la même chose mais c’est tous les jours différent. Le développement, c’est pareil.

Dans la technicité du dev web, ça me parle énormément. C’est inhérent à la démarche de projet. Il y a 2 choses : je n’ai pas aimé la recherche en urbanisme, la charpente j’ai adoré et le dev aussi. Parlons donc de points communs. (Sortez vos feuilles et vos stylos, on est à l’école avant tout)

En charpente, si on oublie le côté physique, le travail en équipe est le même : on a besoin des compétences des autres, on ne peut pas faire un gros projet complexe seul. On a besoin de partager et de s’enrichir en équipe. Dans la charpente, il y a la conception, comme une application ou n’importe quoi en programmation : il faut penser à toute l’architecture du projet.

Ensuite, tu coupes du bois ou tu codes. Ce n’est pas le même métier mais les allers-retours entre ton navigateur et ton éditeur de texte sont comparables aux vérifications de l’assemblage des pièces. C’est une espèce d’itération avec un travail d’amélioration constante. Comme en développement, j’essaie deux pièces entre elles, on dit que ça « biche en charpente ». Tu assembles ces deux pièces, tu les changes d’environnement et tu te dis « Mince, faut changer l’environnement ». Peut-être que ces deux scripts marchent bien ensemble mais il faut réfléchir au local et au global dans l’application. C’est pareil sur un toit et, au final, en urbanisme aussi.

Et question de l’ambiance de travail ?

S’il y a un métier où il y a une ambiance de dingue et un esprit de communauté, c’est la charpente. Comme c’est un métier difficile, tu dois être dans le positif. Dans le développement, il y a tellement de ressources, tu te dois de participer à cet élan de partage. Ça m’intéresse beaucoup, dès que tu peux le faire, tu partages. Comme le partage de connaissance entre pairs, tu as un rapport de maître à élève très important en charpente. C’est plus horizontal en dev mais tu as toujours ce rapport-là avec les autres. En charpente, le partage et l’entraide c’est pour éviter de se péter le dos (bon dans mon cas c’est foiré) et en dev c’est pour gagner du temps, optimiser les scripts. Tu n’as pas vraiment compris tant que tu n’arrives pas à expliquer le truc à quelqu’un.

Comment est-ce que tu trouves le rythme de la formation après autant d’années sur les bancs de l’école ?

J’ai beaucoup profité de l’alternance (presque 2 ans et demi). Je dirais que c’est dur à la 1ère semaine et début de la 2ème saison et après ça se tasse pour reprendre du poil de la bête en fin de saison 2.

Tasse O'clock
Ça se tasse…

J’arrive à terminer les challenges mais je prends le temps de partager, corriger les autres, ça m’aide. Je n’ai jamais fait de formation aussi intensive. J’imagine qu’à la fin des 8 saisons, ça va être difficile. La pédagogie est bien pensée avec les challenges à revoir le lendemain etc. Parfois le cerveau dit “non” et le lendemain ça va mieux. L’équipe pédagogique est très réactive aussi. Par contre, je pense vraiment que ce n’est pas une formation pour tout le monde.

Dario le disait bien sur Facebook : il y a une vraie sélection.

J’ai hésité à faire mon confessionnal (même si j’ai déjà parlé par le passé devant des grandes assemblées) mais j’ai dû le tourner 4 fois pour être satisfait. J’ai même hésité à l’envoyer.

charles-developpeur-web
Charles avant O’clock
Charles pendant O'clock
Charles pendant O’clock

 

Maintenant que tu es arrivé chez O’clock, tu as une idée de ta spé ?

À la base, je voulais faire le socle (les trois premiers mois) et enchaîner avec l’alternance. Mais comme cette dernière est suspendue, j’ai dû changer un peu mes objectifs. O’clock m’a proposé de poursuivre la formation avec la spé et la professionnalisation grâce au LFAO et j’ai finalement accepté. À la base, j’avais envie de tout faire et de tout voir mais l’éco-système JavaScript me botte vraiment du coup, je vais aller vers React pour démarrer. Et on verra par la suite !

Et bien on te le souhaite. Dernière question et je te laisse tranquille : d’après toi est-ce qu’il faut être geek pour être développeur ?

Ahahaha alors ! Si c’est geek au sens Nerd, je trouve que ça réduit socialement les capacités d’interaction de la personne avec son environnement. Et justement un dev c’est l’inverse. Dans un environnement numérique et social, c’est nécessaire d’échanger et de s’ouvrir. Si par contre par geek, on parle de quelqu’un qui aime l’outil informatique alors oui. De plus si on fait O’clock, ça demande de l’investissement. Il faut être geek, il faut aimer les maths, passer du temps devant l’écran, il faut aimer faire des algorithmes. Le côté curieux est nécessaire, ça demande une longue concentration.