À l’occasion d’une API Hours avec Aline Leroy, développeuse web et créatrice de la plateforme La Dev de la Toile, nous avons plongé dans l’univers de l’apprentissage continu, un enjeu clé dans le domaine de la tech.
Le replay est disponible sur notre chaîne YouTube et si vous manquez de temps, nous avons rassemblé ses recommandations pour apprendre à apprendre à devenir développeur web.
Aline, elle-même reconvertie dans le développement web et passionnée par la pédagogie, a partagé des stratégies d’apprentissage éprouvées, enrichies par des références littéraires pertinentes.
Ensemble, nous avons exploré des sujets fascinants comme la plasticité cérébrale, le démantèlement des mythes autour du « talent inné » et le rôle crucial d’un environnement d’apprentissage adapté et de la communauté. Enfin, des outils pratiques comme la prise de notes structurée et la méthode Pomodoro ont également été au cœur des échanges.
Démystifier le talent inné : tout le monde peut devenir développeur web
Selon Aline, l’idée que le talent est inné est un mythe qu’il faut déconstruire. Elle explique ainsi que pour la neuroscience, le talent n’est pas quelque chose d’inné, et il n’y a pas d’individus qui soient plus méritants ou mieux génétiquement prédisposés à réussir que d’autres. Au contraire, avec de bonnes stratégies, tout le monde est capable d’apprendre à devenir développeur web (ou tout autre chose).
À ce sujet, elle cite « Le talent est une fiction » de Samah Karaki. Ce livre est celui qui a le plus marqué Aline et qui l’a amenée à remettre en question ses idées sur le mérite personnel. Elle précise que le talent se forge dans un cadre propice. Ce dernier inclut des facteurs comme le soutien familial, l’accès à des ressources éducatives et la culture environnante. Si certaines personnes semblent partir avec une longueur d’avance, ce n’est pas une fatalité : en adoptant des outils et des méthodes appropriées, chacun peut rattraper le terrain perdu et progresser à son rythme.
Mozart n’était pas un musicien du coin, mais il était entouré de très grands musiciens prestigieux. L’environnement familial de Mozart était particulièrement propice à son développement musical.
L’environnement social joue donc un rôle clé. Et si apprendre seul est possible, s’entourer d’une communauté d’apprenants apporte un soutien précieux. Le partage d’expériences, les discussions sur les blocages et les réussites, tout cela participe à maintenir la motivation.
Enfin, quand on envisage une reconversion dans le développement web, il est important d’identifier les croyances limitantes. Aline partage qu’au début de sa reconversion, elle avait une vision très précise sur ce qu’il fallait faire pour devenir développeur web. Elle pensait qu’il fallait « faire des super études d’ingénieur ». Elle ajoute qu’elle sortait de cinq ans d’études à l’université et qu’elle n’avait pas envie de recommencer. De plus, elle se considérait comme une littéraire, et pensait que le développement web, étant un domaine scientifique, n’était pas fait pour elle !
Concernant la difficulté d’apprendre en étant adulte, elle reconnaît qu’il est plus difficile d’apprendre en vieillissant, en raison d’une plasticité cérébrale limitée et bien moins importante que chez l’enfant. Cependant, elle insiste sur le fait que ce n’est pas une fatalité et que l’entraînement et la persévérance permettent de progresser.
Devenir développeur web : les clés d’un apprentissage efficace
L’apprentissage repose largement sur des stratégies actives. Écouter ne suffit pas : il faut s’engager dans le processus. Aline partage plusieurs stratégies pratiques pour apprendre, dont la prise de notes structurée et la méthode Pomodoro.
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- Prise de notes structurée : Aline recommande fortement une approche active de la prise de notes, loin de la simple transcription passive. Par exemple, tenter d’expliquer une notion complexe comme si l’on parlait à un enfant est une méthode simple et très efficace pour consolider ses connaissances (pensez au canard en plastique du développeur).
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- Prise de notes en deux colonnes : Elle privilégie une méthode de prise de notes en deux colonnes, inspirée de Barbara Oakley. Dans la première colonne, un titre résume le sujet principal; la seconde contient une ou deux phrases concises résumant l’information clé. Cette méthode l’oblige à comprendre la cohérence du contenu et à reformuler ce qu’elle comprend, rendant l’apprentissage plus actif et mémorable.
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- Sketchnotes : Aline mentionne également les sketchnotes, où l’on dessine pour réinterpréter et mémoriser l’information entendue. Ce processus de transformation visuelle oblige à une compréhension abstraite du sujet.
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- Cartes mentales ou Mind Map : De même, les cartes mentales encouragent une reformulation personnelle et une meilleure compréhension du sujet en utilisant ses propres mots.
Coup d’oeil sur la Méthode Pomodoro 🍅
La méthode Pomodoro est une technique de gestion du temps qui alterne des sessions de travail concentré de 25 minutes, appelées « pomodoros », avec de courtes pauses pour optimiser la productivité et maintenir la concentration.
👉 Bien qu’Aline n’utilise pas personnellement la méthode Pomodoro, elle la décrit comme une technique efficace, particulièrement pour ceux qui ont du mal à se concentrer. Elle souligne l’importance des pauses, non pas seulement pour lutter contre la fatigue, mais surtout parce que c’est pendant ces pauses (mode diffus) que le cerveau consolide les connexions neuronales créées pendant les périodes de concentration (mode concentré)…. Elle précise toutefois que les pauses ne doivent pas impliquer l’utilisation d’écrans, qu’elle déconseille fortement.
La méthode Pomodoro, avec ses cycles de travail concentré et de pauses, pourrait donc être une bonne méthode pour améliorer la concentration, mais son efficacité dépend de la manière dont les pauses sont gérées. Aline souligne que l’efficacité du Pomodoro est limitée si on le coupe au moment ou l’on est très concentré.
L’importance de la régularité et de la pratique pour devenir développeur
Aline rappelle que pour devenir développeur web, la pratique régulière est essentielle pour un apprentissage efficace.
Elle suggère donc de se fixer des défis de manière régulière, sans que ces défis soient insurmontables. L’idée est de choisir une notion qui intéresse ou pose problème, puis de se fixer un objectif concret pour l’explorer à travers la pratique. Elle revient sur le sujet de l’apprentissage du code :
Si une notion comme les « arrêts » n’est pas claire, il faut faire un exercice pratique dessus, comme créer une fonction qui utilise cette notion. Cela oblige à reprendre des connaissances antérieures et à les intégrer dans un contexte nouveau. La pratique active demande de restituer les connaissances et les notions déjà acquises permet de consolider l’apprentissage.
Pour consolider l’apprentissage, Aline recommande de s’entraîner à réexpliquer les concepts avec ses propres mots. Ce processus de « rappel » ou de « récupération d’information » renforcerait les connexions neuronales facilitant l’intégration des connaissances. Elle cite aussi l’ouvrage « Arrêtez d’oublier ce que vous lisez » d’Eliott Meunier pour ses conseils pratiques sur la mémorisation.
Il ne faut pas se décourager si on ne comprend pas tout du premier coup. L’apprentissage demande du temps et de la persévérance. Et surtout, il ne faut pas oublier d’être indulgent envers soi-même : les erreurs et les moments de doute font partie du processus, il est important de ne pas se dire que l’on est nul !
Aline insiste sur le fait que l’apprentissage n’est pas une question de don inné, mais le résultat d’un travail régulier et d’une pratique délibérée. C’est en appliquant activement ses connaissances, en se fixant des défis, et en échangeant avec d’autres personnes que l’on progresse efficacement.
Où apprendre pour se reconvertir dans le développement web ?
Dans son parcours de reconversion, Aline a testé différentes approches : une formation en présentiel, puis des formations en ligne en asynchrone (vidéo à la demande). Elle a préféré la deuxième option, en raison du côté autonome, mais elle souligne que chaque approche convient à des personnalités différentes. Chez O’clock par exemple, le format téléprésentiel permet un rapprochement des deux mondes, puisque les cours ont lieu dans une salle de classe virtuelle avec des formateurs en ligne et des camarades de promo, enfin l’accent est mis sur les projets, qui permettent de mettre en pratique ce qu’on apprend.
Aline mentionne l’importance d’être bien accompagné pour pouvoir progresser et surmonter les défis de la reconversion au métier de développeur web. Elle met en avant qu’il existe des écoles (comme O’clock) et des entreprises qui donnent leur chance aux débutants, aux profils juniors et qui ont la patience de les former.
Enfin, Aline insiste sur l’importance de collaborer avec les autres pour progresser, de demander de l’aide et d’échanger avec d’autres personnes, plutôt que de rester seul face à ses difficultés. [ NDLR : C’est au coeur de la méthode O’clock qui malgré le distanciel sait recréer un environnement où l’on ne se sent jamais seul face à son apprentissage. ]
Pour résumé, pour Aline, un environnement d’apprentissage favorable est un mélange de facteurs : des aspects sociaux et culturels, un soutien communautaire fort, des espaces de formation adaptés et un état d’esprit positif axé sur la collaboration. Elle insiste sur le fait que l’apprentissage n’est pas une aventure solitaire, mais un processus social qui se nourrit des échanges, du soutien et d’un environnement stimulant.
4 livres pour apprendre à apprendre
Tout au long de son intervention, Aline mentionne quatre ouvrages qui ont influencé sa façon de penser sur l’apprentissage. Elle précise que ces lectures ont forgé sa vision de l’apprentissage et l’ont aidée à déconstruire le mythe du talent et de l’intelligence innée. Voici les titres qu’elle cite :
« Le talent est une fiction » de Samah Karaki. Ce livre a particulièrement marqué Aline, la poussant à remettre en question ses propres idées sur le mérite personnel et le talent inné. Samah Karaki, neuroscientifique, explique que le talent n’est pas inné, mais qu’il se développe avec de bonnes stratégies et dans un environnement particulier. Aline souligne que cet ouvrage l’a aidée à comprendre que chacun est capable d’apprendre avec les bonnes méthodes.
« Mathematica » de David Bessis. Ce livre, selon Aline, invite à ne pas se limiter en se disant qu’on n’est pas fait pour les mathématiques. David Bessis, un mathématicien, remet en question l’idée d’une élite mathématique et invite à persévérer dans ce domaine. Aline a trouvé ce livre formidable, venant d’une personne que l’on ne penserait pas remettre autant en question sa propre discipline. Il insiste sur le fait que personne n’est prédestiné à l’échec ou à la réussite dans un domaine.
« Arrêtez d’oublier ce que vous lisez » d’Eliott Meunier. Aline précise que ce livre donne des conseils pratiques pour optimiser l’apprentissage et la mémorisation. Elle y a trouvé des conseils et des outils concrets à utiliser dans son apprentissage.
« Apprendre vite et bien » de Barbara Oakley. Aline fait référence à ce livre à plusieurs reprises, comme une inspiration pour ses méthodes de prise de notes en deux colonnes et ses conseils pour comprendre comment fonctionne le cerveau. Elle s’appuie notamment sur la notion de récupération d’information pour expliquer l’importance de réexpliquer un concept pour bien l’intégrer.
Elle mentionne également :
Frankenstein pédagogue de Philippe Meirieu (ESF Sciences Humaines, 2017).
À l’école de l’intelligence: comprendre pour apprendre, de Jean-Yves Fournier (ESF, 1999).
Les Innovateurs de Walter Isaacson (Le Livre de Poche, 2017).
Préface du Carnet d’Or de Doris Lessin (Le Livre de Poche, 1980).