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Les écoles de développement web ne servent à rien ?

2020-09-30
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Alors, c’est certain : après plus de 4 ans d’existence, c’est peut-être un peu tard pour se poser ce genre de questions. Enfin, pour être tout à fait honnête, ce qui sonne comme une triste épiphanie nous est surtout inspiré par certains commentaires que l’on voit ici et là et qui questionnent le bien-fondé de l’existence des écoles comme la nôtre. Alors que le dev s’apprend partout, en autonomie et gratuitement, servons-nous à quelque chose ? C’est parti pour, en quelque sorte, notre auto-analyse. 

Une petite dose de contexte

Il y a plus de 4 ans, nous nous sommes lancés, bille en tête, avec une idée de ce que devrait être l’école de développement web. Sous le bras, nous partions avec quelques principes, une méthode et un format permettant de rassembler les quelques fous qui souhaitent prendre le chemin du métier de développeur. Bon, jusqu’ici, ça va plutôt pas mal. Les étudiants sont très heureux de leur formation, l’équipe est épanouie, et l’école regorge de projets dont seul le temps à notre disposition freine la sortie. Bien évidemment, avec les louanges, viennent aussi les voix dissonantes et parfaitement légitimes des personnes qui ne croient pas en notre modèle. Sauf qu’au-delà du doute quant à la qualité de notre service, arrive parfois, un questionnement autour du bien-fondé de notre existence.
écoles développement web
En effet, avec les tutos YouTube et les ressources sur le net disponibles gratuitement, pour tous et quand on veut, une question se pose : pourquoi rejoindre une école de développement web ? Pourquoi remettre au goût du jour, ce concept aussi désuet et poussiéreux qu’est l’école ? Surtout pour un métier aussi moderne, censé être éloigné des carcans rigides de l’instruction guindée. Si, parfois, on nous fait la remarque dans un langage parfaitement courtois (comme Karim), on a aussi quelques petits commentaires sculptés dans un lexique fleuri. Dans le style :  
Hahaha, les gros pigeons qui s’inscrivent à [placer le nom de l’école de votre choix] alors que l’on peut tout apprendre tout seul et gratos !
Bon, pour rendre la citation encore plus crédible, on aurait dû y glisser quelques coquilles. En général, les auteurs de ces messages ont une libre interprétation des règles de conjugaison. Mais vous avez compris l’idée.

Mais alors : pourquoi ne servons-nous à rien ?

Ouais parce que c’est bien joli de remettre en cause notre existence, si on pouvait avoir une raison ou deux sur lesquelles nous morfondre, on est preneurs. En général, les quelques intrigants qui prennent la peine d’aller au-delà de… L’expression instinctive de leurs opinions tranchées (on va dire ça comme ça), ont les arguments que l’on va décrypter ci-dessous.

L’école, c’est cher alors que l’autodidaxie, non.

Argument implacable. Non mais sérieusement, on ne voit pas ce que l’on pourrait répondre à ce genre de phrase, tant elle est juste de la première à la dernière syllabe. Pourquoi dépenser ses économies ou mettre son pancréas en hypothèque pour être instruit alors que l’on peut tout apprendre gratuitement ?

L’autodidaxie, c’est mieux. Ouais.

Ouais, là, on redescend un cran dans le niveau de l’argumentaire, on est d’accord. Mais en fait, si l’on creuse, ça s’entend. Apprendre de manière autodidacte révèle tout de même une certaine motivation et une force de caractère. En un sens, elle développe la débrouillardise et le goût de l’effort.  Deux éléments qui sont plus complexes à acquérir dans le cadre et le confort d’une formation très encadrée.

Un dev, c’est avant tout un autodidacte.

Le dev, c’est un peu le cavalier seul, celui face à une montagne de savoirs, à la force des phalanges, doit la grimper et la dompter. Surtout, le développement web, c’est complexe. Si on est pas capable d’un peu d’autonomie, alors pas besoin de se lancer, on est pas fait pour ça. Il va sans dire : nous ne sommes pas véritablement en accord avec ces arguments. Opposer l’autodidacte à l’école, est un non-sens car ces deux options sont beaucoup plus complémentaires que contradictoires.

Autodidaxie VS école : le match est lancé !

 

Le savoir ou la manière de le transmettre ?

Quand on oppose l’autodidaxie à l’école, on en vient toujours au même débat : quel est l’important, la masse de savoirs à acquérir ou la manière de la transmettre ? Les défenseurs de l’autodidaxie résument ainsi l’apprentissage à la masse de savoir. Il est là, posé comme un tas de pièces au beau milieu d’une caverne. La seule chose à faire ? Se pencher pour le ramasser. Dit comme ça, c’est facile. À priori, on sait tous comment ramasser des pièces : avec les doigts. Personne n’aura l’idée de benner le tas de pièces avec son omoplate ou ses paupières ou d’essayer d’agripper un sou avec son sillon interfessier. Bah non, on a des mains pour ça.  Et une fois que l’on détient le butin, on le met dans sa poche. Là, aussi, ça parait bien évident. Sauf que le savoir, et le dev en particulier, c’est pas si simple. Comment doit-on l’appréhender ? Comment s’en saisir ? Par où commencer ? Par quoi commencer ? Autant de questions devant lesquels un néophyte aura du mal à trancher. C’est ici que l’école est importante. Le savoir est le même partout. Si on prend en exemple nos programmes et le savoir qu’ils détiennent, ils n’ont rien de surnaturel. On y apprendra les mêmes choses que via un tuto. Mais la manière de l’amener sera différente, le chemin pour parvenir à la destination également. Tout ça parce que ce savoir est délivré par quelqu’un qui sait le donner, qui en connaît la valeur, mais aussi les difficultés quand on l’aborde n’importe comment.

L’encadrement, c’est la clé.

Ne tombez pas de votre chaise après la révélation que l’on va vous faire : l’autodidaxie, c’est le fait d’être seul. On vous avait prévenu, ça secoue comme nouvelle. L’école a de spécifique qu’elle ne fonctionne qu’en communauté. Vous êtes là, avec d’autres personnes qui partagent exactement vos ambitions, accompagnés d’autres personnes qui vont vous aider à les atteindre. Cette présence est essentielle dans le cadre de l’apprentissage. De manière concrète, le groupe sert la progression. Le prof est là pour transmettre, les étudiants travaillent ensemble, progressent ensemble, peuvent s’aider entre eux. La vie en communauté fait son office pédagogique en quelque sorte. En parallèle, les promotions sont soutenues par l’équipe Suivi qui comprend les référents de promo, tuteurs pédagogiques, assistants pédagogiques techniques ou encore APE. Aussi, cet encadrement joue un rôle que l’on néglige souvent mais qui est plus que crucial : l’accompagnement agricole psychologique. Apprendre quelque chose de nouveau, et en particulier le dev, ça peut être usant. Déjà parce que c’est complexe et aussi parce que ça nous confronte constamment à nos limites et à nos doutes. Savoir que d’autres partagent les mêmes craintes et savent les dépasser, ça aide, forcément. Et quand on est tout seul, c’est souvent ce qui cause notre perte : la motivation se désagrège au fur et à mesure que la tâche se complexifie.

Quelle cible ?

Autre preuve de la complémentarité entre l’école et l’autodidaxie : la cible. L’école ne s’adresse pas à tous les potentiels apprenants. Dans le cadre d’une formation pro, par exemple la nôtre, la cible est en majorité adulte, ayant déjà eu une vie professionnelle avant de nous rejoindre. Dans cet exemple, on peut même en déduire qu’ils ont déjà une vie bien établie,  en couple avec de délicieux bambins à nourrir. Autrement dit, ils n’ont plus vraiment le temps ni l’énergie de se lancer dans un domaine de manière parfaitement autonome. Ils veulent gagner du temps, de la sérénité et du confort d’apprentissage, ce que peut leur apporter une école.

Loin de nous l’envie de déconsidérer l’autodidaxie. Elle est essentielle dans toute construction et perspective d’évolution. En revanche, l’idée de l’école de développement web doit impérativement co-exister avec l’apprentissage en autonomie. C’est crucial pour la pérennité du secteur et sa perception par le public.

L’école, essentielle pour le secteur du numérique

Ici, on distingue l’apprentissage de l’école. Évidemment qu’on a besoin d’apprendre le métier de développeur. Mais surtout, on a besoin de l’École, de l’institution et de ce qu’elle représente symboliquement.

Le développement web, un métier comme les autres

L’argument qui consiste à déconsidérer les formations au métier de développeur parce qu’il est possible de l’apprendre autrement est un non-sens. Aujourd’hui, on peut tout apprendre avec un ordinateur, une connexion internet et de la bonne volonté. La cuisine, la pâtisserie, le bricolage, le droit, la psychologie… Autant de métiers intellectuels ou manuels auxquels on peut être formés, sans avoir le besoin concret de rejoindre une structure. Pourtant, on ne remettrait pas en cause les facs de droit, les écoles d’hôtellerie et les lycées professionnels. Le métier de développeur est un métier comme les autres : il peut s’apprendre à la fois dans une structure académique ou par ses propres moyens.

Le risque de la marginalité

Faire du métier de développeur une fonction unique, tend un peu plus à la marginaliser. On sort tout juste du cliché du dév à cheveux gras, qui saigne du nez quand il s’adresse à une fille. Aujourd’hui, un développeur est considéré comme un mammifère parfaitement banal, et c’est tant mieux. Lui retirer son droit d’institutionnaliser sa formation, c’est le confiner et le mettre à part. Si on veut que le dev soit admis par tous comme un métier, et non comme une excentricité à la mode, il doit épouser tous les codes (héhé) professionnels. Et ça passe aussi par la formation.

Sortons du mythe de la souffrance

Parce que l’on entend encore trop souvent cette réflexion, celle qu’un développeur, ça doit faire tout par ses propres moyens. Ça doit tout coder from scratch, tout apprendre tout seul, sans l’aide de personne avec une doc écrit en Klingon ancien, parce que ouais, un dev, ça souffre, ça en bave et il n’y a que par le chemin de croix qu’il y arrivera. Refuser le confort que nous offre l’école, c’est encore une fois marginaliser le milieu du dév tout entier et pire, cela enferme le développeur dans un rôle de martyr, peu ragoûtant aux yeux des néophytes et qui tend à transformer ce métier en un cloaque où la vie se résume au travail et où que le travail se résume à la souffrance.