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Reconversion : Sarah, se reconstruire après un burn out

2020-12-17
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Il était temps d’aborder un sujet qui pousse beaucoup de personnes à la reconversion : le burn out. Lorsque le surmenage s’installe, comment se reconstruire et rebondir vers une nouvelle vie professionnelle ? Nous avons passé notre micro à Sarah, en pleine reconversion pour devenir ce dont elle rêve : une développeuse heureuse. 

Qui es-tu ? Où habites-tu ? Qu’aimes-tu faire dans la vie ?

Je suis Sarah, j’ai 27 ans et j’habite à Paris. Je suis dans la promo Nautilus pour la formation fullstack JS. Sinon, j’aime l’aïkido, les claquettes, la broderie, Faites entrer l’accusé, Polo (mon vélo) et passer du temps avec mes proches et ma famille.

Tu en es où dans ta formation ?

J’ai commencé la formation le 5 octobre et nous sommes à la saison 5 aujourd’hui. C’est pour moi la plus difficile.

Chez O’clock, on apprend tous les jours quelque chose de nouveau, le lendemain on déconstruit et on voit une alternative pour faire la même chose. Ça se ressent encore plus dans cette saison. C’est cool, on apprend plein de choses mais c’est un peu frustrant de penser comprendre et réaliser le lendemain que… Pas vraiment. On est un bon groupe de 50, les relations se sont faites naturellement. On s’organise beaucoup dans le canal Slack #entraide, un des étudiants de la promo organise des ateliers de révisions quotidiennement. Quand je sens que j’ai bien compris les concepts de la journée, j’aide à l’animation et c’est chouette.

 

Tu faisais quoi avant O’clock ?

J’ai commencé par un stage chez Bouygues, dans une équipe qui se chargeait des projets pour des filiales comme TF1. J’ai été cheffe de projet innovation, on cherchait des concepts, idées, ou objets à créer pour répondre à des problématiques. C’était très intéressant !

Après un an, j’ai été débauchée par une entreprise qui m’a laissé l’opportunité de façonner un poste comme je le voulais. Ça m’a beaucoup plu. J’étais très libre de mes missions. Je me suis lancée dans une formation UX/UI avec eux. On créait des séminaires, des formations soft skills, des ateliers créatifs pour les entreprises : des “moments collectifs”. On s’arrêtait à l’idée du projet et mon rôle était de prototyper ces idées-là via l’UX et l’UI design.

De fil en aiguille, après l’explosion de la demande sur ce genre d’ateliers, le marché s’est calmé et j’avais de plus en plus de mal à travailler en sachant qu’on vendait du rêve plus qu’autre chose. Mes responsables m’ont poussée à faire plus de design et à m’occuper du “parcours en management” de A à Z : du module à la fiche pédagogique en passant par la digitalisation des outils pensés pour le présentiel qu’on devait adapter au distanciel. C’était très chouette ça aussi.

 

Ça semble très intéressant comme métier, pourquoi avoir changé ?

Il y a eu l’arrivée du Covid et le premier confinement en mars. Je suis restée chez moi, toute seule. Je me suis enfermée dans le travail. J’avais 3 managers, qui m’ont filé des requêtes différentes tous les jours. Comme je me sens bien quand je me sens utile, il fallait absolument que je fasse tout ce qu’on me demandait.

J’ai fait deux ou trois appels à l’aide, en disant que ça n’allait pas, que j’avais trop de travail mais je n’ai pas été entendue. Au bout d’un moment, je n’en pouvais plus, j’ai appelé mon médecin qui m’a dit qu’il me fallait un mois d‘arrêt maladie. J’ai répondu qu’une semaine, ça suffisait.

Je suis revenue au travail et j’ai rappelé mon médecin qui m’a arrêtée pour deux mois. J’étais incapable de faire quoi que ce soit, je pouvais plus me lever, je n’avais plus de motivation alors que je suis très proactive d’habitude. Je me suis dégoûtée de ce que je faisais. Mon travail, c’était ma vie, donc l’expérience fut difficile. Quand tu perds l’essence de ta vie, tu penses que tu ne sers plus à rien. Voilà mon burn out.

 

Comment tu t’es sortie de ce burn out ?

Heureusement j’ai été suivie, j’ai fait une thérapie. Ensuite s’est posée la question de revenir ou pas dans l’entreprise. Je ne suis jamais revenue car je savais qu’au fond, ce n’étais pas ce que je voulais faire comme métier.

La période du burn out a été très salvatrice.

Je me suis rendue compte qu’il y avait plein de choses en moi que je ne voulais pas voir, que je m’interdisais pour des raisons injustifiées. À l’issue de ça, je me suis dit “Maintenant, j’existe pour moi et je fais ce que je veux.”. C’est un très long chemin.

 

C’est le projet de reconversion qui t’as aidée à te relancer après ?

Oui, une fois que ça c’était posé, je me suis demandé ce que je voulais faire. J’ai déconstruit les barrières que je m’étais imposées.

L’informatique m’a toujours intéressée, depuis que je suis enfant. Mon frère jumeau est développeur. Lorsqu’il me parlait de son job à chaque fois, ça me donnait envie. Mais c’est difficile de ne pas se comparer à son frère jumeau et d’être soi-même. Pour moi, c’était hors de question que je fasse le même métier que lui, il pourrait penser que je le copie et on allait être dans la comparaison…

Autre barrière : j’ai eu un prof de physique au lycée qui m’a dit que je n’allais jamais pouvoir avoir un bac S. Et sans sciences, ça me paraissait impossible de rentrer dans l’informatique.

Finalement, je ne me suis pas beaucoup écoutée pour mon orientation. De fil en aiguille, je n’ai jamais fait mes propres choix. Je suis allée là où on m’attendait. J’ai fait un prépa car j’avais le profil, ça n’a pas marché. J’ai demandé conseil et on m’a orienté vers l’IUT puis à l’IAE, une école de management, car « faire un IAE c’est bien pour le CV ». J’ai été débauchée de chez Bouygues mais encore une fois, ça ne venait pas de moi. J’ai suivi les opportunités.

J’ai décidé d’arrêter de penser au regard des autres et enfin : penser à moi ! C’est à ce moment là que j’ai décidé de devenir développeuse.

étudiante devant son ordinateur en train de coder

Voilà Sarah, les deux mains dans le code.

Combien de temps il t’a fallu pour passer au-dessus de ce burn out et te lancer dans cette reconversion ?

Ça va paraître rapide mais j’ai eu besoin de 2 mois. La réponse, je l’avais au fond de moi, il fallait juste faire tomber les barrières. Trouver un autre métier et la reconversion, ça s’est fait très naturellement. Il n’y a pas eu de long cheminement introspectif. Je savais déjà, il fallait que je m’écoute.

 

Avec les confinements, ton histoire va faire écho chez beaucoup d’autres personnes, je pense. As-tu des conseils pour ces gens qui traversent des burn out en ce moment ou vivent des situations similaires à la tienne ?

C’est bête à dire mais pendant un burn out, il faut prendre le temps. Tu passes de tout à rien. Il faut donc rythmer la journée et éviter Netflix du matin au soir. Je me suis imposée des rituels. Le matin : sport. 12h30 : repas. L’après-midi, j’allais 1h au parc, et le soir j’essayais d’avoir des sorties avec des potes. Je savais que si je ne faisais pas cet effort de rythmer le quotidien, c’était terminé.

Il faut se faire suivre. C’est essentiel. Se faire accompagner, ce n’est pas un échec, c’est une preuve de maturité. Reconnaître que tu as des limites, que tu ne peux pas faire plus, c’est pas facile mais ça m’a énormément aidé. Ensuite, il faut s’entourer des gens qu’on aime. Avoir un temps de repos comme ça, ça permet de pouvoir se projeter plus tard. Je n’ai pas pensé à ma vie pro pendant 2 mois et une fois que l’idée de reconversion était là,  j’avais besoin que tout se fasse très vite. Mais chez O’clock, ça ne se passe pas si vite ! Il faut faire le Chemin, avec le test et le Confessionnal, devenir admissible, trouver un financement et enfin trouver une place dans une promo. J’avais tellement hâte que j’espérais rentrer dans la promo qui commençait 3 jours après. Mais avoir ce projet, ça m’a aidé.

Avec une copine, on a fait un vision board. Je me suis éclatée à trouver des trucs cools à faire sur du court et sur du long terme pour m’aider à me projeter et se lancer, petit pas par petit pas.

 

Comment se sont passé tes premiers petits pas dans ta promo alors ? Car malgré le surmenage, tu as fait le choix d’une formation intensive.

J’ai très peur de retomber dans mes travers. La rentrée du 5 octobre approchait, j’avais peur de me retrouver seule chez moi, face au travail. Je redoutais le format intensif et un nouveau burn out.

Bizarrement, une fois lancée, non ! J’ai appris de mes erreurs, je me suis imposée un rythme : j’ai les cours jusqu’à 15h, je prends 30 minutes de pause pour sortir ou traîner sur YouTube, 1h30 de révisions et ensuite, je m’impose 2h de challenge le soir que je peux découper. Je fais mon sport le soir, je mange et ensuite, j’allume Netflix.

 

Est-ce que tu te sens moins seule dans la formation en téléprésentiel qu’en télétravail ?

Oui, tellement ! L’esprit de la promo soudée a mis un petit temps à s’installer. On a plein de canaux Slack, dont un #entraide. Au début, personne n’ose poster de peur que ça passe pour un aveu de faiblesse. Mais regarder la doc, ça ne suffit pas. Depuis un mois, on s’entraide à fond et on essaie de dédramatiser le fait de demander de l’aide. J’essaie de poster beaucoup sur Slack. Je pose plein de questions de cours. Sûrement trop pour certains, mais c’est ma manière de progresser dans mon apprentissage.

 

Quels étaient tes aprioris avant de te lancer vers le métier de développeur ?

J’avais beaucoup d’aprioris sur le métier de dev. J’étais convaincue qu’il fallait être bonne en maths. Alors, j’aime les maths, mais les maths ne m’aiment pas. Je pensais qu’il fallait avoir l’esprit scientifique.

On m’a toujours dit que le métier de dev, c’est un métier d’homme. C’est difficile pour une femme de se faire une place et on est souvent juste un bout de viande. C’est encore un apriori, c’est sûrement une réalité quelque part mais je ne sais pas encore comme ça va se passer sur ce point parce que je ne suis pas encore sur le marché du travail.

Je pensais aussi qu’il fallait être très logique ! Avant de rentrer chez O’clock, j’ai fait des exercices de logique, des énigmes horribles. Je voyais que j’y arrivais pas, ça m’a découragée. Mais à la fin, ça marche quand même pour moi !

Enfin, j’imaginais qu’un développeur, c’était un mec seul enfermé chez lui qui codait. Mais un bon dev sait travailler en équipe ! La collaboration, c’est super important.

 

Justement, selon toi, quelles sont les qualités qu’il faut pour être dev ?

Pour être développeuse ou développeur, il faut être curieux. C’est le plus important. Essayer de comprendre, regarder la documentation, demander, s’informer…

Je pense aussi qu’il faut être flemmard, ça, c’est une bonne qualité. Il faut toujours essayer de se dire “Comment faire plus simple que ce que je fais là ?”.

Avoir la flemme, c’est bon pour optimiser son temps et son code. Mais attention, pas la flemme de se lever le matin.

 

Et la polyvalence, c’est important pour toi qui avais un poste avec des missions très différentes ?

Clairement, dans le sens où quand tu fais du dev, tu n’as pas que la partie dev. Il faut penser au projet, du mail client à l’app ou au site. Avec mon expérience UX, je connais le côté découverte du besoin client.

 

Jusqu’à aujourd’hui, tu n’as pas peur de t’ennuyer ou de te lasser ?

Non et non. Apprendre quelque chose tous les jours, c’est super. Mais ça demande beaucoup au quotidien. Le mot “intensif”, c’est pas une blague, l’école nous prévient mais je pense qu’on ne se rend pas compte de l’effort quotidien avant d’y être. Reprendre la posture de l’étudiant et être attentif pendant 5h par jour… On se dit qu’écouter quelqu’un sans bouger de sa chaise, ça va être facile mais pas du tout. À 15h, je suis en PLS !

Maintenant je pense à la sortie, à l’après. Je dois dire que ça m’angoisse un peu. J’ai commencé un GitHub perso où je poste mes projets sur mon temps libre pour montrer l’évolution. Je sais ce qu’on va me dire quand je vais postuler : je n’ai pas assez d’expérience. Je ne sais pas trop comment appréhender ça mais je sais qu’on va être coachés. C’est pour ça que j’évite de me polluer l’esprit en pensant à ça. Petit pas par petit pas.