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Parcours d’une développeuse web : Marine Spaak

05/03/2025
Parcours d'une développeuse web

Le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, résonne particulièrement dans le monde de la tech où les femmes restent sous-représentées. Avec seulement 12% de développeuses web en France et 6% dans le monde, enfin les femmes ne représentent que 16 % des salariés dans les métiers Tech et 8 % des entrepreneurs Tech, on comprend que le chemin vers la parité s’avère encore long.

Pourtant, des parcours comme celui de Marine Spaak, alumni O’clock, développeuse web et autrice engagée, prouvent que les lignes bougent. Son double engagement, dans le code et dans la création, illustre comment les femmes façonnent aujourd’hui l’industrie numérique avec leur vision unique.

Marine partage avec nous son expérience, ses défis et sa détermination à rendre la tech plus inclusive, incarnant parfaitement les valeurs que cette journée symbolique nous invite à célébrer et à défendre.

Parcours d’une développeuse web

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Marine, j’ai 32 ans, je suis développeuse fullstack en CDI chez Capgemini après une reconversion. Je vis à Nantes. J’ai fait partie de la promo Radium en 2023 (coucou aux collègues de promo qui me liront !)

Mes formations : Développeur Web Fullstack (PHP / JavaScript) chez O’clock, puis une formation à travers une POE (préparation opérationnelle à l’emploi) avec un autre organisme (M2i), pour apprendre à coder en Java.

Après 8 années dans la prévention des addictions auprès des collégiens, tu as effectué une reconversion professionnelle vers le développement web. Qu’est-ce qui a motivé ce changement radical de carrière à ce moment de ta vie ?

Plusieurs facteurs !

J’ai emménagé à Nantes et souhaité retrouver un travail dans cette ville. J’ai aussi suivi l’exemple de plusieurs développeurs et développeuses de mon entourage qui avaient l’air épanoui·es dans leur métier et qui avaient des conditions de vie confortables. Et je sentais que le développement pourrait me plaire.

Tu as intégré Capgemini après ta formation. Quels ont été les principaux défis rencontrés en tant que femme ?

Le plus gros obstacle après ma formation a été de trouver du travail en entreprise en tant que junior. Le fait d’être une femme n’a pas posé de souci à cette étape de mon parcours.

En revanche, cette idée de carrière m’est venue assez tard et les stéréotypes de genre y sont sûrement pour quelque chose !

Quand j’étais au lycée, je n’envisageais pas du tout ce secteur (alors qu’a posteriori je réalise qu’il me correspond bien)… et je pense que mes parents et enseignants ne m’ont jamais clairement proposé cette voie.

parcours developpeuse web oclock

 

Constat mené dans une importante étude : Gender bias in open source: Pull request acceptance of women versus men.

NDLR : En 2022, les bachelières scientifiques sont 35 756 et représentent 35,9% de l’ensemble des bacheliers scientifiques, ce chiffre n’a quasiment pas bougé depuis 1965 (plus d’infos), les femmes ont donc moins de chance que leur parcours les mène vers le développement web.

Tu es autrice d’une BD « Sea Sexisme and Sun », où tu abordes le sexisme quotidien. Retrouves-tu certaines des problématiques évoquées dans ton livre dans ton milieu professionnel ?

Le sexisme peut se retrouver dans de très nombreux domaines de la vie.

Dans mon équipe actuelle, j’ai le sentiment d’être vraiment considérée et écoutée, sans que mon statut de femme (ni de junior) ne me porte préjudice. Je me considère chanceuse car je sais que ce n’est pas le cas partout !

Le milieu de la tech a ses biais – notamment en raison du petit nombre de femmes dans les équipes techniques. J’en parle un peu dans ma BD d’ailleurs, en abordant la question des biais sexistes de l’intelligence artificielle.

developpeuse et intelligence artificielle ia oclock

 

Bande-dessinée publiée sur le blog de Marine Spaak.

Je vous conseille au passage le petit livre « L’intelligence artificielle, pas sans elles », écrit par Aude BERNHEIM et Flora VINCENT, très informatif sur ce sujet !

Quelles compétences transversales mobilises-tu dans ta nouvelle activité professionnelle ?

Dans mon métier précédent, je faisais beaucoup de coordination, de suivi de projets et d’animation de réunions. Le gap technique n’est pas évident à combler, mais mes compétences précédentes restent très utiles dans la vie d’une équipe. Je suis à l’aise pour comprendre les besoins des clients, pour participer activement aux cérémonies agiles et pour capitaliser sur les savoirs de l’équipe.

NDLR : Dans le cadre de développement de projet informatique, les cérémonies Agile sont des réunions structurées qui rythment le travail en méthodologie Agile (comme Scrum) afin de favoriser la collaboration, la planification, le suivi et l’amélioration continue du projet. Les compétences en agilité font parties des compétences recherchées chez les développeur.ses.

Tu travailles dans une équipe Agile de 6 personnes. Comment perçois-tu l’équilibre hommes-femmes et l’inclusion dans ton environnement de travail actuel ?

Je suis la seule femme de mon équipe (incluant les développeurs, mais aussi un scrum-master et un chef de projet). Nos principaux interlocuteurs côté client et côté ops sont aussi des hommes. Cela peut être intimidant. Au-delà de ça, mes collègues ont su m’accueillir et me mettre à l’aise.

Ce qui m’a aidée aussi, c’est d’avoir eu une promo 100% féminine (pour la formation POE organisée par Capgemini). C’était une volonté des ressources humaines. Nous avons donc été plusieurs collègues femmes à intégrer l’entreprise à la même période. Nous restons bien en contact et nous nous soutenons au fil de notre montée en compétences ! C’est très précieux.

NDRL : Nous rappelons souvent à nos apprenant.es l’importance du networking (réseau professionnel), soulignons ici l’importance égale de la sororité, cette forme de solidarité et d’entraide au féminin. À ce sujet, le livre « Merci, mais non merci » de Céline Alix peut vous éclairer.

Ton parcours est marqué par un engagement social fort. Comment parviens-tu à concilier cet engagement avec ta nouvelle carrière dans la tech ?

Honnêtement, ce n’est pas facile de tout faire !

Je pense que je fonctionne par période. En ce moment, je me concentre sur ma reconversion et ma volonté de devenir plus solide techniquement. L’envie d’écrire et d’aborder de nouveaux des sujets sociaux reviendra très certainement. Et puis je continue de faire vivre mes valeurs par ma posture, dans mes relations avec les autres, que ce soit dans la sphère personnelle ou professionnelle.

Dans ta BD, tu parles d’unir « nos incroyables forces de femmes » pour faire tomber le sexisme. Quelles initiatives ou actions concrètes te semblent les plus prometteuses pour favoriser l’égalité dans le secteur numérique ?

J’ai aimé l’initiative de Capgemini Nantes de créer une promotion de femmes en reconversion et je remercie les recruteuses qui ont poussé cette idée. 

Il y a aussi des programmes de marrainage, des tables rondes avec des conférencières, ou encore des interventions auprès de collégiennes et lycéennes (dans le cadre de la semaine du numérique, par exemple).

Je fais partie de la communauté Women@Capgemini qui fait vivre certaines de ces actions et je suis marraine d’une future développeuse – en reconversion elle aussi !

NDLR : L’école O’clock vous recommande de jeter un oeil aux activités de Duchess France une association féministe créée en 2010 avec pour but la promotion des femmes développeuses.

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, quel message souhaites-tu transmettre aux jeunes filles et femmes qui hésitent à se lancer dans un parcours vers des carrières techniques ou numériques ?

Je leur dirais que le domaine de la tech est un domaine (parmi plein d’autres) où il est tout à fait possible de s’épanouir et d’être compétente.

On l’oublie souvent mais historiquement les femmes ont énormément contribué aux balbutiements de l’informatique ! Elles ont été exclues du secteur un peu plus tard, alors qu’elles y avaient une place à part entière.

femme developpeuse web oclock

 

Et oui, les femmes sont nombreuses a avoir contribué à l’évolution technologique mais on ne le sait pas toujours !

Mon conseil serait probablement d’essayer vraiment pour voir si le développement vous plait et vous intéresse. Mais si vous vous demandez si vous êtes légitime : la réponse est OUI ! On a même besoin de vous pour créer des applications et des outils plus inclusifs !

Quels sont tes projets d’avenir, tant sur le plan professionnel que personnel ?

Ma reconversion est encore récente et la recherche d’emploi n’a pas été de tout repos. Alors pour le moment, je profite et je me laisse du temps pour me sentir plus à l’aise dans ce nouveau métier !

J’ai des idées de sujets sur lesquels j’aimerais écrire (une prochaine BD peut-être ?…), mais a priori ce ne sera pas en lien avec la tech. Tout comme l’écriture d’un livre, une reconversion est une étape conséquente qui demande beaucoup d’énergie et d’implication.

Ça fait du bien de s’accorder une pause après un gros projet de ce style ! 

Nous remercions Marine Spaak et vous recommandons sa BD « Sea Sexisme and Sun » aux éditions First. Vous pouvez la commander en ligne ou chez votre libraire de quartier !